Auteur : Aujourdhui.ma | 30/04/2018 09:53
Le Maroc est en stress hydrique permanent, une donne structurelle dans la gestion intégrée de l’eau. Cela se traduit par le recours à divers procédés dont le dessalement de l’eau de mer en vue de combler les déficits en matière d’alimentation en eau potable et d’irrigation.
Le but est d’augmenter la résilience face au changement climatique. Une étude stratégique qui a été réalisée par le Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau a identifié un portefeuille de projets potentiels de dessalement de l’eau de mer.
Ainsi, dans le cadre du Plan national de l’eau, la capacité de production d’eau dessalée a été évaluée à près de 510 millions de m3/an à l’horizon 2030. L’un des projets les plus importants est la station de dessalement près d’Agadir.
Elle sera réalisée dans un schéma de partenariat public-privé pour un investissement de 2,5 milliards de DH et une capacité de 400.000 mètres cubes par jour. Les travaux de construction devraient démarrer rapidement. Cette station viendra renforcer les capacités de l’alimentation en eau potable d’Agadir et de l’irrigation de Chtouka Ait Baha.
Un autre projet de station destiné à l’irrigation, est situé à Dakhla. Le coût de réalisation est estimé à 1 milliard de DH. La construction va démarrer vers la fin de cette année. A ces deux, s’ajoute le projet de dessalement pour l’alimentation en eau potable de la ville d’Al Hoceïma et des projets à l’étude pour le Grand Casablanca, Nador et Driouech. Ce dernier est qualifié d’urgent et le secrétariat d’Etat à l’Eau espère accélérer la mobilisation du financement.
Malgré la volonté politique affichée, le financement de ces projets reste pour l’instant une inconnue. Le dessalement de l’eau de mer est par nature une opération coûteuse malgré des technologies qui ont permis de réduire considérablement le coût de production.
Vu l’urgence, le coût ne devrait pas être un obstacle, assure la secrétaire d’Etat chargée de l’Eau. La part de coût de l’énergie dans ces projets de dessalement, qui constituait une contrainte pour la promotion de cette technique, trouvera une réponse à travers la politique adoptée par notre pays pour le développement des énergies renouvelables, relève-t-elle.
Le couplage des stations de dessalement de l’eau de mer avec ces énergies propres constituera une opportunité certaine à l’avenir. D’ailleurs, la station de Dakhla s’appuiera sur l’énergie éolienne pour fonctionner. La nouvelle loi sur l’eau a comblé le vide juridique, en consacrant un chapitre au dessalement de l’eau de mer. Les textes d’application sont en cours de préparation.
L’autre procédé concerne la réutilisation des eaux usées épurées. Le recours à ces ressources non conventionnelles, notamment la réutilisation contrôlée et sécurisée des eaux usées, est devenu impératif. En effet, ce procédé permet de disposer d’une ressource en eau pérenne, de soulager la pression sur les nappes phréatiques et de contribuer à la résorption de déficits locaux.
«Le Maroc a accusé un retard important dans la valorisation des eaux usées... Il est temps de s’orienter vers l’adoption d’une approche épuration-réutilisation au lieu de l’approche épuration-rejet», souligne Charafat Affailal, secrétaire d’Etat chargée de l’Eau. Ainsi, pour valoriser cette ressource, un plan de réutilisation a été préparé en coordination avec d’autres partenaires.
Les actions prévues par ce plan seront intégrées dans un programme national d’assainissement et de réutilisation des eaux usées en cours de finalisation. En attendant, des conventions ont été signées et d’autres sont en cours de mise en œuvre notamment les projets d’arrosage du golf royal Dar Essalam à Rabat, du golf Bahia Beach à Bouznika, des golfs et des espaces verts de Tétouan, Mdiq, Fnideq, Martil et Tanger.
D’autres opérations sont dans le pipe comme l’irrigation de la ceinture verte de Zagora et les périmètres agricoles en aval de la ville d’Oujda. En outre, un projet important est en cours de validation pour l’arrosage des golfs et des espaces verts du grand Agadir. Ce programme mutualisé sera intégré dans le plan national de l’eau qui est en cours d’actualisation.